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"Wanna fight ?"

Les chairs s'entrechoquent et le sang gicle laissant alors apparaître hématomes et contusions. Si Andrew ne passe pas ses journées à cogner un sac de frappe ou une pauvre vache suspendue à un crochet de boucher, il n'en bat pas moins ses cymbales jusqu'à ce que son hémoglobine et sa sueur viennent irrémédiablement tacher, couvrir les peaux de sa batterie, rendant son jeu impossible. Cet instrument offre quelque chose d'inconnu à l'écran. Cette matière inerte, cet instrument de torture mis en branle procure une sensation particulière. Il vibre, tremble, presque vit. L'instrument a une présence.

Question universelle : qu'est ce qui mène ce garçon, aux premiers abords introverti, maladroit, à tout sacrifier pour un dessein dont beaucoup font la quête mais qui ne s'offre qu'à deux ou trois individus par siècle : être le meilleur ? Seule la relation avec son vieux maître fou compte car seul lui peut le mener à son objectif, à être l'égal de l'immense Buddy Rich, quitte à annihiler tout le reste. Qu'importe finalement, c'est le prix à payer et Andrew l'a accepté, bon gré mal gré.


  En résulte alors un crescendo de folie, de brutalité, de douleurs, de haine, synchronisé à la virtuosité de la réalisation. Le tempo monte, le rythme devient éreintant, surmenant l'assemblée. Coups donnés, rendus, lancer de projectiles, joute à distance ou face à face, la caméra accompagne les frasques violentes, presque mortelles des deux protagonistes pour atteindre ce climax absolu dans la scène finale. Le spectateur est en nage, les mains moites, le front ruisselant et le corps entier tendu. Il sait depuis le départ qui des deux pugilistes doit sortir vainqueur et pourtant - là est le véritable coup de maître - la tension est de plus en plus grande jusqu'à la résolution, telle une bonne vieille grille d'accords de jazz, inévitable.







Mathias De Smet



Whiplash
États-Unis, 2015
Damien Chazelle.





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