C'est peut-être cette sûreté nouvelle qui surprend, cette progression lente et anxiogène vers une fin à laquelle on ne peut ne soustraire, progression explicitement symbolisée par la limousine que conduit Jérôme, là où celle que le même Pattinson hantait de sa froide indifférence dans Cosmopolis était victime d'arrêts répétitifs et imprévus, précisément soumise aux aléas, de la Ville cette fois, autre monstre, moins dangereux, en tout cas nettement moins vorace dans la volonté d'accomplissement de ses desseins. Ainsi, tout le métrage ne semble être qu'une imposante machine sourde et implacable, toute entière tendue vers un seul but, quitte à vider toute la satire de sa substance ; une satire creuse, plate, déroulée sans accrocs, sans férocité, sans animalité, satire morte. La mort bien sûr, elle que l'on sent en permanence rôder, tapie dans la nuit californienne. Son tour viendra, dans cet environnement désenchanté et hanté. Elle s'offrira en remède, en antidote à l'inavouable souillure qui condamne depuis dix-huit déjà les enfants Weiss- et par extension, à cause du retour soudain et redouté d'Agatha à ses origines -leur entourage de pacotille, personnages carnavalesques, en même temps figures creuses et absorbantes, vulgaires éponges. La mort, finalement l'unique échappatoire qui reste aux âmes juvéniles, les seules conscientes de leur monstruosité, la grande et belle Liberté fantasmée, celle qu'ardemment honorait Eluard, celle que Benjie et sa sœur tentent vainement d'effleurer, quand son accomplissement ultime ne peut trouver sa plénitude que dans la mort ; dans l'éternel repos, lovés parmi les étoiles. Hors Carax, les limos n'ont définitivement plus bonne presse, longs vaisseaux annonciateurs du pire ( parfois nécessaire ), mortifères adjuvants.
Antoine Van den Kerkhove.
Maps to the Stars
États-Unis, 2014
David Cronenberg
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