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Articles

Affichage des articles du septembre, 2014

Battre en retraite.

   Gain de quatre prix à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes et d'une réputation de "sensation cannoise" ; "Les Combattants", premier film de Thomas Cailley, apporte un intéressant rajeunissement au cinéma français. L'histoire de ce jeune benêt  qui se prend d'amour pour une fille un peu fêlée s'apprêtant à intégrer un stage organisé par l'Armée de Terre débute de prometteuse façon : on assiste à un film générationnel franchement drôle et frais, servi par une bande-son adéquate, bien que par moments, cette camaraderie semble un peu facile et bon marché, sorte de façade qui aide le film à passer à la vitesse supérieure ; sa seconde partie, au sein donc du régiment de jeunes bleus proprement dit.    Indiscutablement la meilleure, et voir ce groupe peu à peu rodé aux pratiques militaires se révèle jouissif, recelant une vitalité bienvenue ainsi qu'une absence totale de sophistication. Ce spectacle hésitant et "bras cassé

Concile des Quatre.

Reprenant les films vus du 1er juillet au 31 août 2014. Les films choisis sont notés de 0 à ****. Cotations:  0 = inutile de se déranger  * = à voir à la rigueur  ** = à voir  *** = à voir absolument  **** = chef-d’œuvre.

Passe le temps.

 Le Majola Snake ne meut avec légèreté pour dévoiler sous son épais manteau le petit village alpin de Sils où s'est éteint, au grand damne de Maria (Juliette Binoche), le génie de la mise en scène, Wilhem Malchior. Contre toute attente, son directeur fétiche, qui avait lancé sa fructueuse carrière hollywoodienne, a mis fin à ses jours au sommet des monts helvètes. Moment de deuil, presque national, choisis par le nouveau réalisateur un vogue, Klaus untel, dont le nom sera vivement maltraité, pour proposer un nouveau rôle à Maria Anders dans une pièce qui ne lui est pas inconnue (ni plus ni moins celle de Malchior qui l'avait jadis fait naître en tant qu'actrice). A 18 ans elle jouait le rôle de Sigrid, jeune assistante dans la fleur de l'âge et 25 ans plus tard elle reprend, malgré quelques réticences, celui d'Helena, femme mûre plongeant dans le gouffre, menée de bout en bout par cette adolescente en fleurs. Elle n'est donc ni plus ni moins la

Sommeil (d'hiver)

  Alors que l'issue de "Winter Sleep" est proche, l'un des personnages, passablement éméché, prononce cette phrase sentencieuse : "Est-ce la vie ou une mauvaise pièce ?" Ni l'un ni l'autre, juste un mauvais film, un long cauchemar blanc se déroulant dans cet hôtel d'Anatolie. La pesante vanité qui se dégage de l'ensemble est tout bonnement ahurissante, et insupportable. Jamais le temps au cinéma n'aura passé aussi lentement que pendant cette vaste et complaisante entreprise de pure destruction. Ne nous leurrons pas : malgré la virtuosité formelle de l'ensemble, la chenillette de Ceylan broie tout sur son passage. Elle ne pourrait fonctionner sans son autosatisfaction destructrice, son moteur, dispersant allègrement au cours de ces trois heures épuisantes ses infinies scènes de palabres vaguement surfaites, profondément alambiquées. Pire, non content de leur caractère irritant, Ceylan pousse le masochisme jusqu'à irrigue

Maps to the Stars.

Maps to the Stars n'est absolument pas un mauvais film, ni un mauvais Cronenberg ; c'est un Cronenberg moyen. Cronenberg fait du Cronenberg, ressasse une nouvelle fois ses obsessions : la chair, le sang, le sexe, la pulsion. Programme sans surprises donc, voire convenu, si ce n'est que ces gimmicks sont ici transposés dans la Cité des Anges, Cité davantage peuplée par les fantômes pour l'occasion. Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu, MttS n'est aucunement une satire d'Hollywood ; certes satire il y a, mais celle-ci n'est présente qu'en tant qu'outil, qu'en tant qu'appui afin de rallier une conclusion tout autant brutale qu'inévitable, glaciale dans l'inévitable car pur produit d'antique tragédie. Voilà ce que serait le film, s'il fallait vraiment le "genrifier": une tragédie moderne, avec sa galerie de monstres malades, errant dans ce vaste théâtre à ciel ouvert, sous d'indifférentes étoiles.

Humanité retrouvée.

Un générique, des formes, des couleurs et du foutage de gueule qui se profile au loin. Je criais déjà au " 2001 " du pauvre, à une redite sous morphine de "Only God Forgives" dont la beauté formelle — certes très agréable —s'annulerait sous le poids de la vanité. Il fait peur ce début qui perd le spectateur aussi bien visuellement (décor irréel et inconnu) que mentalement (où veut-il en venir ?!) alors que, comme un naufragé, rattaché au pitch (un extraterrestre humanoïde séduit des hommes pour leur voler leur apparence et permettre une invasion ...) que l'on essaye de retrouver, on se surprend à formaliser une chose pour la contredire l'instant suivant. Après nous avoir bien perdu, la beauté formelle s'estompe peu à peu (mais sans jamais disparaître, renaissant par intermittence) pour laisser place au véritable corps du film. Une histoire de con qui n'a pour intérêt que de justifier la condition de départ de son héros : on se rend vite com

Bird People

Dès les toutes premières images, c'est clair : métro-boulot-dodo, par l'intermédiaire de hordes de quidams filmés en partance pour leur morne quotidien, sur des quais de métro, de gare, dans des halls aéroportuaires. Têtes d'enterrement, écouteurs bien vissés sur le crâne : Allégresse perdue d'aujourd'hui, contemporaine solitude : Tristesse infinie aux fond d'yeux éteints. C'est aussi au début que nous sont présentés les deux héros ( j'insiste ) du film : Gary, ingénieur en informatique américain, qui végète ( depuis quand finalement ? ) à son arrivée à Roissy dans les tréfonds de son spleen, et Audrey, jeune étudiante qui arrondit ses fins de mois en jouant les femmes de chambre du côté de l'Hilton jouxtant l'aéroport. On parvient déjà à saisir les protagonistes, par bribes. Puis vient l'élément déclencheur, bien qu'il ne soit guère facile pour le spectateur de le détecter sans l'apport de la voix off ( le grand Mathieu Amalric !

Le Vent se Lève

L'écran n'affiche plus qu'un plan . Un plan terrible , Ô si vous saviez .. '' The End ''. Une ballade que l'on se ressasse encore et encore, jusqu'à épuisement,. Elle vous occupe l'esprit des heures durant par son harmonie, sa justesse, son excellence. Somptueuse mélodie, délicate attention offerte au spectateur, en souvenir, pour mémoire de ce nouveau chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki. Les mots, armes sanguinaires de la critique, ne suffisent plus, il faut le vivre pour le croire. Mais aussi y croire pour le vivre. Le film s'ouvre sur l'une des quelques séquences oniriques que comporte ce dernier , celles-ci , propres au réalisateur , sont les seules traces inhérentes à l’œuvre globale du Maître – en omettant évidemment les différents tableaux , grandiosement poétiques. Car oui, nous avons affaire à un Miyazaki principalement réaliste traitant avec sa sensibilité personnelle , la vie de Jirō Horikoshi , ingénieur tri