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Articles

Affichage des articles du février, 2015

"Wanna fight ?"

Les chairs s'entrechoquent et le sang gicle laissant alors apparaître hématomes et contusions. Si Andrew ne passe pas ses journées à cogner un sac de frappe ou une pauvre vache suspendue à un crochet de boucher, il n'en bat pas moins ses cymbales jusqu'à ce que son hémoglobine et sa sueur viennent irrémédiablement tacher, couvrir les peaux de sa batterie, rendant son jeu impossible. Cet instrument offre quelque chose d'inconnu à l'écran. Cette matière inerte, cet instrument de torture mis en branle procure une sensation particulière. Il vibre, tremble, presque vit. L'instrument a une présence. Question universelle : qu'est ce qui mène ce garçon, aux premiers abords introverti, maladroit, à tout sacrifier pour un dessein dont beaucoup font la quête mais qui ne s'offre qu'à deux ou trois individus par siècle : être le meilleur ? Seule la relation avec son vieux maître fou compte car seul lui peut le mener à son objectif, à être l'égal de l'im

Concile des Quatre.

Reprenant les films vus du 1er novembre 2014 au 31 janvier 2015. Les films choisis sont notés de 0 à ****. Cotations:  0 = inutile de se déranger  * = à voir à la rigueur  ** = à voir  *** = à voir absolument  **** = chef-d’œuvre.

Les messies sont morts.

Dans la pénombre romaine se balade, au gré de ses inspirations, le Maestro. Salles de cinéma, ruelles, mort, tout semble obscur dans la vie de Pasolini qui pourtant, voue son existence à cette lutte perpétuelle, contre l'obscur, qui, au vu des biens tristes événements de la semaine du 7 janvier et de tout ce qui suivit, n'est pas désuète et est loin de l'être. Dans cette perspective, le présent film, prévu comme une piqûre de rappel aux penseurs libres ou initiés comme la présentation au nouveau monde d'un exemple du genre pour rappeler à ceux qui vivent dans une brume constante, désespérés, qu'il en a existé et qu'il en existe encore, peut-être de moins en moins, hélas. Sous un monde enfumé par une politique politicienne rompant de plus en plus avec le réel, mordillant sa propre et impuissante queue et où les conditions précaires des uns contrastent avec l’innommable richesse des autres, il est bon de s'en souvenir. Dans ces lieux gouvernés

Le carnaval des animaux

   Une lutte à mort entre deux hommes dans l'habitacle d'une voiture inclinée au bord de l'eau, avec comme moyen d'en finir (au choix) un extincteur ou une ceinture de sécurité. Voilà qui est sans doute le moment le plus gênant, le plus crapuleux de "Relatos Salvajes", soit six sketches traitant tous à leur manière des plus bas instincts humains, quand l'animal qui sommeille prend le pas sur l'être de civilisation.    La scène survient lors du troisième segment, le pire (le meilleur diront les autres), et fait craindre une course à la surenchère vulgaire pour la suite. Même si les salauds continuent à se succéder au sein de ce dispositif discutable, on est tout heureux que Szifron lève un peu le pied. Si l'on voit très vite où ce dernier veut en venir, on s'interroge néanmoins sur l'intégrité de son modus operandi ; c'est que le répéter à six reprises crée une effet redoutablement pervers chez qui regarde, tiraillé entre

L'enfer, c'est soi-même.

Les interrogations sont grandes et l'on s'y perd parfois. C'est peut-être le propos du film, mais c'est avant tout le ressenti qui s'immisce en nous le long d'un plan-séquence — en est-ce, d'ailleurs, un ? — de plus d'une heure et demie. Car si c'est ce qui marque le plus, c'est certainement qu'il y a une raison à ce choix, cette prouesse diront certains, de mise en scène particulier. Et de fait, les discussions vont bon train au sortir de la séance, chacun y va de son interprétation quant à cette particularité, pourtant aucune de ces explications ne semble justifier un tel emmerdement technique, qui finalement ne semble qu'être le siège symptomatique d'une volonté inassouvie, minée par une ambivalence constante.  Ambivalence tout d'abord et justement sur ce point de réalisation qui vient, en nous dupant d'une certaine manière, s'opposer à la mise à nu du théâtre dans sa vie la plus pure, dans