Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du 2014

TOP TEN 2014

10. Tonnerre de Guillaume Brac 9. The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson   8. Tom à la Ferme de Xavier Dolan 7. Nymphomaniac Volumes I & II de Lars von Trier  6. Le Vent se Lève de Hayao Miyazaki 5. Adieu au Langage de Jean-Luc Godard 4. Under the Skin de Jonathan Glazer   3. Mommy de Xavier Dolan   2. Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese   1. P'tit Quinquin de Bruno Dumont

"Princesse Kaguya"

On peut dire que cette année fut riche – qualitativement , s'entend – en films d'animation japonaise. Ne serait-ce de par la sortie du '' Vent se Lève '' de Miyazaki suivi donc de '' Kaguya Hime '' de son confrère , peut-être moins connu – à mon grand dam - dans nos contrées. Avant toute chose , il faut savoir que ce sont bien ces deux hommes qui sont à l'origine du Studio Ghibli , fondé en 85 et qui est parvenu à atteindre, en l'espace de quelques films, le statut de studio incontournable dans le monde de l'animation. Au vue des premières bande-annonces, l'on remarqua immédiatement le style graphique particulier de l’œuvre et l’apparente poésie pure qui s'en dégageait, nous annonçant que le dernier film de Takahata serait résolument en marge de la filmographie du studio. Le Vent Se lève tranchait d'ailleurs déjà, par son côté '' film de vieux '' dans la mesure où Miyazaki y dictait peut-être une m

Middle class, je t'assassine.

"Alors qu'elle découvre sa sexualité, Kat voit sa mère disparaitre", voilà l'infamie publicitaire par laquelle l'exploitant tente de vendre son film, l'annonçant comme un drame initiatique et sexué, un vendredi comme un autre à un cinéphile qui n'en a plus que le nom tant il a délaissé depuis trop longtemps les salles obscures (mes collègues ne sauront qu'acquiescer). Heureusement pour lui, le onzième film d'Araki, White Bird , ne tient pas dans l'aseptique centaine de mots sensée le résumer, voire même va à son encontre. Certes, il y a rite initiatique, mais il n'est pas à chercher dans la sexualité, très peu présente par ailleurs. Cette jeune fille, Kat, passe à l'âge adulte non par l'enlacement des corps, mais plutôt par leur rupture. Par la rupture avec le "all same, all same" qui survient à la disparition de sa mère, et plus tard par la rupture dans les lieux et dans la relation amoureuse. Mais s

"Une Nouvelle Amie".

Fringant mystificateur que François Ozon, qui depuis quelques films - disons "Dans la Maison" - semble avoir trouvé une forme de recette miracle ; une bonne dose de provocation, en y regardant de plus près toujours plus sage et factice, nimbant des récits qui peinent à quitter des sentiers trop balisés pour d'autres horizons, réellement sulfureux et porteurs enfin de malaise profond, d'ambiguité touffue. Rien de tout cela ( encore ) pour cette "Nouvelle Amie" , où, derrière un message prônant la liberté des âmes et l'exaltation des corps, l'on devine une condescendance des plus glaçantes ( il suffit d'entendre Duris, métamorphosé, pour comprendre, et la scène dans le bar à travelos est assez gênante ). Jamais Ozon n'ose questionner les motivations de David/Virginia, faisant avaler mille couleuvres au gré de ses changements émotionnels/d'envies dignes d'une girouette, jusqu'à un dernier acte grotesque, san

"Plus haut, plus loin"

Disons le tout de go : "Interstellar" n'est pas le "2001" du début de notre siècle, et n'en a guère la prétention, ni l'ambition. Pourtant, "Interstellar" n'en manque pas, d'ambition. C'est qu'elle est chez Nolan d'un tout autre acabit ; produire une odyssée spatiale à la fois intelligente et divertissante, brassant un public le plus large possible, en totale rupture avec cette pure ampleur métaphysique qui irradiait de "2001", ce quelque chose de tellement plus opaque, inquiétant, transcendant et insondable, qui rétablissaient l'Homme dans sa juste valeur au sein de l'univers, du cosmos : une infinitésimale insignifiance, un dérisoire grain de poussière, inévitablement ingurgités par des forces sourdes et invisibles, par ce Noir de l'Espace bouillonnant dans son inextinguible quiétude.    Les chemins qu'empruntent Nolan sont autres, et "Interstellar" est certainement son film

Concile des Quatre.

Reprenant les films vus du 1er septembre au 31 octobre 2014. Les films choisis sont notés de 0 à ****. Cotations:  0 = inutile de se déranger  * = à voir à la rigueur  ** = à voir  *** = à voir absolument  **** = chef-d’œuvre.

Roxyland

Alors qu'il ne sortira vraisemblablement pas en Belgique, le Film Fest Gent programmait trois séances de " Adieu au Langage " , le dernier-né de Jean-Luc Godard, pour rappel Prix du Jury à Cannes ( ex-aequo avec " Mommy " de Xavier Dolan ) en vue satisfaire les cinéphiles endurcis ( et pérégrins ). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le voyage en valait la peine.    Dès les toutes premières secondes d' "Adieu au Langage" , on est saisi : l'immersion que procure la 3D bricolée par le vieux maître est totale, et foudroie. Cet adieu ( qui ne l'est pourtant pas ) nous arrive en pleine face, et l'on ne peut plus s'en extraire. Les yeux sont littéralement hypnotisés, une sorte de transe commence, car ce qui se produit à l'écran n'est tout simplement pas croyable. Une cérémonie initiée par un puissant chamane se déroule, on est transporté ; c'est tellement Godard, et ça ne l'est pas, ça

Le fou au patron.

Une chambre au nom de Swann . Ainsi commence cette étonnante fable proustienne, la vie du maître couturier, Yves Mathieu Saint-Laurent. Et déjà ce plan. Une chambre d’hôtel monotone, mortifère et la silhouette d'un homme aux parfait brushing assis sur le lit face à un Paris orangé, peinturluré par un soleil couchant. Une époque. 1967-1978. Selon le réalisateur, tout y est. Le faste, le sexe, la drogue, la jeunesse, l'amour, encore le sexe et le début d'une fin. Le parti-pris n'étant pas de faire de cette toile un simple biopic comme on en voit tant mais plutôt le portrait d'un créateur, dans son environnement, rend cet hommage exceptionnel (au sens premier du terme). On découvre un Saint-Laurent à la fois quand il irradie le plus - « Bientôt il sera le seul à rayonner » nous dit Pierre Berger (J.Rénier) – mais également dans sa phase de nécrose psychique la plus intense. De mode il est question mais ce n'est pas du tout le sujet essentiel. Finalement YSL

Un État du Monde.

   Avec un synopsis officiel à ce point sibyllin, "Mercuriales" nous a intrigués. Nous l'avons vu, on est resté jusqu'au bout ( contrairement à la moitié de la - certes petite - salle du Palais des Congrès de Namur ), fascinés par cette première œuvre déroutante. On a bien fait.    "Mercuriales" n'aurait pu mieux tomber, à un moment où l'on se languissait d'un hypothétique coup de fouet dans un festival où les films inconsistants et calibrés pour le public namurois commençaient dangereusement à s'amonceler. Il aura tout de même fallu attendre l'avant-dernier jour, et qui plus est dans une salle peu remplie, pour voir un film conquérant et inventif, en inadéquation avec presque tout ce à quoi on avait pu assister précédemment. Le premier long-métrage de Virgil Vernier ( également acteur, notamment dans le salué "La Bataille de Solférino" de Justine Triet, sorti l'an dernier ) se veut dénué de fil rouge narrati

"Born to Die"

Mix4Ever Craig Armstrong - Childhood Céline Dion - On ne Change Pas  Dido - White Flag Lana Del Rey - Born to Die Sarah McLachlan - Building a Mystery Counting Crows - Colorblind Eiffel 65 - Blue Andréa Bocelli - Vivo per Lei Oasis - Wonderwall Ludovico Einaudi - Expérience

Saints Moteurs

  Après le Bayard du meilleur scénario obtenu l'an dernier pour " Vic + Flo ont vu un ours ", Denis Côté nous revient avec " Que ta joie demeure ", courte œuvre singulière explorant le rapport complexe des hommes aux machines.       Bruits variés des machines. Lieux nimbés d'une glaciale grisaille. Visages fermés, durs, concentrés. Corps tendus, voûtés, machinaux, massifs, maigres, mécaniques. Ils sont là, dans un silence de mort qui incite à la déférence, à la religiosité. Filmés comme des lieux monacaux, les usines investies par Denis Côté nous présentent leur morne envers, peuplées de chevilles ouvrières impassibles. Seul leurs temps de pause dévoilent parfois une esquisse émotionnelle, fugace mais présente. Ces êtres au comportement robotique s'animent alors, recouvrant un semblant d'humanité.    L'ennui parfois s'immisce en nous, et c'est bien normal ; ces ateliers ne permettent pas la gaudriole. Travailler dur, v

Bande de Filles

  Là où le titre nous promettait un film de bande et le synopsis un récit initiatique inédit, force est de constater que "Bande de Filles" dévie fortement de son programme initial, jusqu'à une fin en décalage complet et s'apparentant à une véritable sortie de route.    En préambule de cette séance de début de soirée, Céline Sciamma, accompagnée de deux de ses comédiennes - Karidja Touré et Assa Sylla - déclare devant une salle bien remplie "être sidérée" par le fait que personne avant elle n'ait pris sa caméra pour filmer "les figures les plus actuelles et les plus représentatives" de l'Hexagone. Avec tant d'amour et d'admiration dans la voix, on se dit que l'on va assister à quelque chose de neuf, que les jeunes Noir(e)s vont enfin pouvoir s'affirmer en tant que figures pleines et entières du cinéma français, revêtir d'autres habits de lumière que ceux d'un spectre.   A ce titre, l'orée d

Vers le ciel

  « C'est un film qui parait simple mais qui ne l'est en fait pas du tout ». La naissance d'une beauté nouvelle. Des quartiers, vides, plombés par la chaleur, où le soleil cache la tristesse des gens qui les habitent. C'est cet endroit que les dieux ont choisis pour poser leurs lourds bagages, alors que deux octogénaires ne peuvent leur offrir qu'un yaourt périmé et un oie qu'il ne sont pas capable, la main tremblante, d'attraper.   Que ce soit à travers les hommes ou les animaux, ce film est très sensuel   Métamorphoses France, 2014 Christophe Honoré 

Battre en retraite.

   Gain de quatre prix à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes et d'une réputation de "sensation cannoise" ; "Les Combattants", premier film de Thomas Cailley, apporte un intéressant rajeunissement au cinéma français. L'histoire de ce jeune benêt  qui se prend d'amour pour une fille un peu fêlée s'apprêtant à intégrer un stage organisé par l'Armée de Terre débute de prometteuse façon : on assiste à un film générationnel franchement drôle et frais, servi par une bande-son adéquate, bien que par moments, cette camaraderie semble un peu facile et bon marché, sorte de façade qui aide le film à passer à la vitesse supérieure ; sa seconde partie, au sein donc du régiment de jeunes bleus proprement dit.    Indiscutablement la meilleure, et voir ce groupe peu à peu rodé aux pratiques militaires se révèle jouissif, recelant une vitalité bienvenue ainsi qu'une absence totale de sophistication. Ce spectacle hésitant et "bras cassé

Concile des Quatre.

Reprenant les films vus du 1er juillet au 31 août 2014. Les films choisis sont notés de 0 à ****. Cotations:  0 = inutile de se déranger  * = à voir à la rigueur  ** = à voir  *** = à voir absolument  **** = chef-d’œuvre.

Passe le temps.

 Le Majola Snake ne meut avec légèreté pour dévoiler sous son épais manteau le petit village alpin de Sils où s'est éteint, au grand damne de Maria (Juliette Binoche), le génie de la mise en scène, Wilhem Malchior. Contre toute attente, son directeur fétiche, qui avait lancé sa fructueuse carrière hollywoodienne, a mis fin à ses jours au sommet des monts helvètes. Moment de deuil, presque national, choisis par le nouveau réalisateur un vogue, Klaus untel, dont le nom sera vivement maltraité, pour proposer un nouveau rôle à Maria Anders dans une pièce qui ne lui est pas inconnue (ni plus ni moins celle de Malchior qui l'avait jadis fait naître en tant qu'actrice). A 18 ans elle jouait le rôle de Sigrid, jeune assistante dans la fleur de l'âge et 25 ans plus tard elle reprend, malgré quelques réticences, celui d'Helena, femme mûre plongeant dans le gouffre, menée de bout en bout par cette adolescente en fleurs. Elle n'est donc ni plus ni moins la

Sommeil (d'hiver)

  Alors que l'issue de "Winter Sleep" est proche, l'un des personnages, passablement éméché, prononce cette phrase sentencieuse : "Est-ce la vie ou une mauvaise pièce ?" Ni l'un ni l'autre, juste un mauvais film, un long cauchemar blanc se déroulant dans cet hôtel d'Anatolie. La pesante vanité qui se dégage de l'ensemble est tout bonnement ahurissante, et insupportable. Jamais le temps au cinéma n'aura passé aussi lentement que pendant cette vaste et complaisante entreprise de pure destruction. Ne nous leurrons pas : malgré la virtuosité formelle de l'ensemble, la chenillette de Ceylan broie tout sur son passage. Elle ne pourrait fonctionner sans son autosatisfaction destructrice, son moteur, dispersant allègrement au cours de ces trois heures épuisantes ses infinies scènes de palabres vaguement surfaites, profondément alambiquées. Pire, non content de leur caractère irritant, Ceylan pousse le masochisme jusqu'à irrigue

Maps to the Stars.

Maps to the Stars n'est absolument pas un mauvais film, ni un mauvais Cronenberg ; c'est un Cronenberg moyen. Cronenberg fait du Cronenberg, ressasse une nouvelle fois ses obsessions : la chair, le sang, le sexe, la pulsion. Programme sans surprises donc, voire convenu, si ce n'est que ces gimmicks sont ici transposés dans la Cité des Anges, Cité davantage peuplée par les fantômes pour l'occasion. Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu, MttS n'est aucunement une satire d'Hollywood ; certes satire il y a, mais celle-ci n'est présente qu'en tant qu'outil, qu'en tant qu'appui afin de rallier une conclusion tout autant brutale qu'inévitable, glaciale dans l'inévitable car pur produit d'antique tragédie. Voilà ce que serait le film, s'il fallait vraiment le "genrifier": une tragédie moderne, avec sa galerie de monstres malades, errant dans ce vaste théâtre à ciel ouvert, sous d'indifférentes étoiles.

Humanité retrouvée.

Un générique, des formes, des couleurs et du foutage de gueule qui se profile au loin. Je criais déjà au " 2001 " du pauvre, à une redite sous morphine de "Only God Forgives" dont la beauté formelle — certes très agréable —s'annulerait sous le poids de la vanité. Il fait peur ce début qui perd le spectateur aussi bien visuellement (décor irréel et inconnu) que mentalement (où veut-il en venir ?!) alors que, comme un naufragé, rattaché au pitch (un extraterrestre humanoïde séduit des hommes pour leur voler leur apparence et permettre une invasion ...) que l'on essaye de retrouver, on se surprend à formaliser une chose pour la contredire l'instant suivant. Après nous avoir bien perdu, la beauté formelle s'estompe peu à peu (mais sans jamais disparaître, renaissant par intermittence) pour laisser place au véritable corps du film. Une histoire de con qui n'a pour intérêt que de justifier la condition de départ de son héros : on se rend vite com

Bird People

Dès les toutes premières images, c'est clair : métro-boulot-dodo, par l'intermédiaire de hordes de quidams filmés en partance pour leur morne quotidien, sur des quais de métro, de gare, dans des halls aéroportuaires. Têtes d'enterrement, écouteurs bien vissés sur le crâne : Allégresse perdue d'aujourd'hui, contemporaine solitude : Tristesse infinie aux fond d'yeux éteints. C'est aussi au début que nous sont présentés les deux héros ( j'insiste ) du film : Gary, ingénieur en informatique américain, qui végète ( depuis quand finalement ? ) à son arrivée à Roissy dans les tréfonds de son spleen, et Audrey, jeune étudiante qui arrondit ses fins de mois en jouant les femmes de chambre du côté de l'Hilton jouxtant l'aéroport. On parvient déjà à saisir les protagonistes, par bribes. Puis vient l'élément déclencheur, bien qu'il ne soit guère facile pour le spectateur de le détecter sans l'apport de la voix off ( le grand Mathieu Amalric !

Le Vent se Lève

L'écran n'affiche plus qu'un plan . Un plan terrible , Ô si vous saviez .. '' The End ''. Une ballade que l'on se ressasse encore et encore, jusqu'à épuisement,. Elle vous occupe l'esprit des heures durant par son harmonie, sa justesse, son excellence. Somptueuse mélodie, délicate attention offerte au spectateur, en souvenir, pour mémoire de ce nouveau chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki. Les mots, armes sanguinaires de la critique, ne suffisent plus, il faut le vivre pour le croire. Mais aussi y croire pour le vivre. Le film s'ouvre sur l'une des quelques séquences oniriques que comporte ce dernier , celles-ci , propres au réalisateur , sont les seules traces inhérentes à l’œuvre globale du Maître – en omettant évidemment les différents tableaux , grandiosement poétiques. Car oui, nous avons affaire à un Miyazaki principalement réaliste traitant avec sa sensibilité personnelle , la vie de Jirō Horikoshi , ingénieur tri