Accéder au contenu principal

Articles

Affichage des articles du juillet, 2015

Revue : Houellebecq (1/3)

Near Death Experience Un film qui se suicide par sa bande annonce, quelle tragédie pour un film de suicidé ! Il n'y aura pas ici de parallèle entre Houellebecq-homme et Houellebecq-personnage, la chose a été faite mainte fois, parce qu'on ne le connais pas : il a une vie qu'il gomme – contrairement à un Luchini qui sacrifie le peu qu'il a à l'art. Un film suicidé, donc : parce qu'il aurait dû s'en tenir à un format de court. Pourtant rien n'y est simple et des kilomètres de pellicule n'épuiseraient pas son sujet. Il s'agit de Paul, un suicidé en puissance à la recherche de sa mort et qui pense, un peu. Il nous parle de l'enfance et de la vie des gens du siècle mais très peu de lui : il veut mourir, et c'est tout. Il part Paul, sur un vélo qu'il n'a pas voulu, dans un accoutrement aussi peu saillant que désiré, à la recherche, via la solitude, de sa mort, une mort, la mort. Mais il nous faudra attendre qu'il la renco

Je suis mort mais j'ai des amis

   Second long-métrage de fiction des frères Malandrin, ce "Je suis mort mais j'ai des amis" déçoit à plus d'un titre, malgré toutes les bonnes intentions qu'il recèle. Car si cette histoire invraisemblable d'un groupe de rock belge ( bientôt rejoint par un invité mystère ) constitué de sympathiques quinquas, qui, à la suite du décès de l'un d'entre eux, décide de maintenir sa tournée nord-américaine coûte que coûte en hommage à feu Jipé, promettait un road-movie pétaradant et évidemment rock 'n' roll, le film laisse très vite découvrir son apathie. La première partie belge est en surchauffe totale, les Malandrin se montrant incapables de faire survenir la moindre fulgurance comique par d'autres biais que cette hystérie continue et cette balourdise ( la récupération des cendres du défunt puis leur "mise en boîte", la scène du chili con carne ). On concède pourtant un rire, un sourire de temps à autre, tant c'est gros et régres

Un amour intact

 Avec "Trois souvenirs de ma jeunesse", Arnaud Desplechin rend surtout compte d'un amour, d'une passion trop grande et magnifique qui consume et détruit, qui renverse et fait sécession avec le monde alentour ; une passion adolescente, au plus fort de la jeunesse, un souvenir plus intense que le souvenir, mais aussi plus fragile, ténu, délicat et entêtant - LE souvenir qui hante encore et pour toujours nos jours et nos nuits, et qui porte un nom et un visage : Esther. C'est bien ici le seul qui importe vraiment, les deux autres ( l'enfance angoissée du revenant Paul Dédalus quand survenaient les accès de folie de sa mère décédée, et, plus tôt dans l'adolescence, un voyage scolaire en URSS placé sous le sceau de l’héroïsme ) ne formant au final qu'une rampe de lancement vers la rencontre avec l'inaccessible Esther, en dépit d'un même romanesque majestueux qui tous les irrigue. Ces deux premières formes du souvenir rompent avec l'ultime d'

Tout juste des individus

Il est des films qui — comble de la situation pour un métrage primé à Cannes — refusent le cinéma.  La loi du marché  e​n est : il préfère la politique. Si certains chefs-d'œuvre du cinéma ont choisi cette voie, ils se différencient du film de Brizé en ce qu'ils ont politisé l'image — on pense, évidemment, à Godard — plus qu'imagé le politique. C'est donc un film classique du genre qui s'offre à nous,sans aucune prétention de révolution et qui, partant, prend logiquement sa position idéologique vis-à-vis du fait considéré sans que cela ne pose, en soi, aucun souci. Le problème survient en fait dans l'argumentaire mis en place pour défendre le propos, car il est tout à fait bancal, biaisé et c'est d'ailleurs là l'écueil habituel du film social — on reste donc dans le classique jusqu'au bout. Cette gêne se fait sentir non du fait que l'on veuille nous persuader mais bien parce que l'on s'en rend tr