Le synopsis de Welcome Home l'annonce d'emblée : la fuite en avant de Bert et Lucas, deux ados en mal de vivre et en plein questionnement identitaire, finirait bien par les rattraper. C'est là tout le propre des récits d'initiation, histoires de vie où les héros apprennent toujours quelque chose au bout du chemin, après moult détours et accidents de parcours. On attendait donc la vraie liberté durant le périple, avant de sonner la fin des illusions. Si l'on sait gré à de Pierpont de ne guère s'appesantir dans le quotidien morne et étouffant de ses fragiles et beaux personnages pour rapidement prendre la route, il faut reconnaître que le film finit paradoxalement par se replier vers le home-movie, au sens littéral. A la succession de squats de maisons délaissées par leurs habitants et à la présence latente du danger (la police ayant entretemps eu vent des agissements des désormais rebaptisés Bee et Lucky) succèdent des tensions toujours plus vives entre les deux amis, dont le sens du voyage entrepris leur échappe progressivement. Tout comme celui de son film pour de Pierpont, après que les garçons se soient sédentarisés en décidant d'occuper plus longuement la dernière maison visitée, entretenant avec les propriétaires une étrange variation du syndrome de Stockholm. Le film, au rythme déjà hésitant, ne s'en remettra pas, et tout cela fait du surplace sans pouvoir s'en dépêtrer. Dommage, car de Pierpont aura précédemment essaimé des possibilités autrement plus excitantes d'aller vers l'ailleurs, au sens large : vers le début du film, cette brève séance de diapos et son érotisme aussi trouble qu'éruptif vaut presque à elle seule le déplacement - une bromance détraquée s'invitant l'air de rien dans le cinéma wallon et l'ailleurs ouvrait grand ses portes, et puis non, le film continue son chemin comme s'il ne s'était rien passé.
Antoine Van Den Kerkhove
Welcome Home
Belgique, 2016
Philippe de Pierpont
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