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Calculs rénaux



FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FRANCOPHONE DE NAMUR



"JPP"


S’il n’était pas si étonnant de le voir ici, à Namur, le découvrir à Cannes a du être une toute autre affaire. Mais que le festivalier de mai compatisse avec celui d’octobre : la séance de Mal de pierres n’était ici pas suivie de Rester vertical, Elle ou Toni Erdmann pour « se purifier les yeux ». Enfin, restons sur le (télé-)film, si tant est que ce soit possible vu le vide abyssal dans lequel nous entraine Nicole Garcia (qui réussit apparemment mieux à duper les programmateurs qu’à faire des films). Bien sûr, il n’y a aucune mise en scène, mais il n’y pas non plus vraiment d’histoire : aucun évènement ne vient troubler cette Lithiase rénale qui, dirait-on n’a jamais démarré, le spectateur restant bloqué face à un écran  — et non face un film — où, maladroitement, on a lancé l’idée d’un film sans savoir comment la concrétiser. Mais il faut croire que le sanatorium est vendeur ces temps-ci puisqu’après Youth, c’est ce Pierres aux reins qui, tout aussi vain, s’y installe.

On a néanmoins bien ri : un bref résumé vous le fera comprendre. Gabrielle est folle, alors sa maman veut s’en débarrasser. Or, il se trouve qu’un ouvrier travaillant à la maison de la famille la trouve jolie. L’affaire est donc entendue ! Oui mais, Gabrielle a mal au bas-ventre : son mari lui payera le sanatorium (malgré son statut social). Et là, c’est le drame : Gabrielle tombe amoureuse d’un soldat, d’un fol amour. Il part, un jour, pour être hospitalisé, ce qui est mauvais signe. Mais il revient et la nuit est torride. Il revient … vraiment ? Non bien sûr, c’était pour rire : c’était en fait son mari que Gabrielle avait fantasmé en Lieutenant. Mais ça, elle ne l’apprendra que de nombreuses années plus tard, en regardant une photo d’elle et de son légionnaire (enfin, elle le croyait : elle est seule sur l’image, tenant, en équilibre — physiquement impossible, on a essayé —, son amant par l’épaule).

Ne vous y trompez pas : Calcul rénal n’est pas drôle tout du long, et si vous n’êtes pas du genre à vous faire voler deux heures de votre vie, écoutez ce que disaient quelques lucides spectateurs à la sortie : en vrac, « Honteux ! », « On se fout de nous, là », « Tu fais l’effort de croire à son histoire et puis non, en fait c’est pas vrai … », etc.


Timothée Pichot






Mal de Pierres,
France, 2016
Nicole Garcia  



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